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L'ECO-ANXIETE ou la solastalgie est une détresse profonde causée par les changements irréversibles de notre environnement. Quand on évolue dans un monde qui semble s'autodétruire, on finit par être envahi par un sentiment d'impuissance étouffant.
LA SOLASTALGIE suit les phases du deuil. Le deuil est un état émotionnel qui est proportionnel à la perte. Plus on était proche de l’être perdu, plus le deuil sera long, intense, éprouvant. Les phases de deuil sont: sidération, incompréhension, colère, ajustements de vie, acceptation. La tristesse peut rester très longtemps, en sourdine, même si on arrive à gérer notre quotidien et continuer à vivre.
Mais là, on parle de notre planète. Beaucoup d’entre nous sont dans un burnout écologique. On est constamment bombardé par des images chocs, des articles alarmants, des documentaires désolants. De là, il n’y a qu’un pas vers la collapsologie - le courant de pensée récent qui étudie les risques d'un effondrement total de notre civilisation et ce qui pourrait succéder à la société actuelle. Sur les réseaux sociaux, on regarde des videos de destruction massive de paysages arborés, de communautés entières d’animaux, de peuples. Et là, on peut être dans un état de stress post-traumatique. On sent qu’on est dans l’urgence, la colère monte et ne redescend pas, il y a une sidération, et un besoin fort de solutions. Tout de suite. On devient frénétique dans notre recherche d’informations. C’est une espèce de boulimie. On vérifie constamment : sur le net surtout. Mais pas que. On peut aussi chercher la compagnie de personnes qui ont aussi les mêmes craintes. Alors on peut aussi s’alarmer réciproquement.
QUI SONT LES ECO-ANXIEUX ?
Ce sont des personnes qui ont la sensation que le monde marche sur la tête et de l’avoir bien plus tôt que les autres. Sans pouvoir parfois mettre des mots sur ce ressenti. Petits, ils regardaient le monde des adultes avec des yeux écarquillés. Mais ce n’était pas une fascination saine. C’était plutôt une incompréhension profonde qui s’exprimait là. Chez eux, il y a une forme de résignation en ce sens où “le monde ne changera jamais”, tout se répète. Et ils se sentent isolés, en attente permanente d’un monde meilleur qui ne viendra sans doute jamais. Il y a ce sentiment d’être toujours un peu “à côté”, toujours dans l’incompréhension des comportements des autres. Ils peuvent de ce fait être animés par un sentiment de colère, voire de rage. Car le plus frustrant dans l’histoire est de savoir et de comprendre de quoi on souffre, mais de ne jamais savoir quoi faire pour y remédier. Après avoir regardé dans l'abîme, expérimenter cette douloureuse conscience du monde, il est difficile de faire machine arrière. Le “principe de réalité” devient une espèce de truc gluant qui colle à la conscience, à chaque instant, et ne fait que grandir de jour en jour.
Alors, oui, stress post-traumatique parce que l’on se re-traumatise à chaque fois que les images nous montrent à quel point la terre va mal, à quel point les animaux souffrent, à quel point la terre se meurt et à quel point nous risquons de tout perdre. Notre unique maison. Et à chaque fois que l’on voit ces images, on se sent mourir à l’intérieur un peu plus. Ce qui change par rapport aux traumatismes ‘classiques’ c’est que l’on est face à un traumatisme actuel et prospectif. On ne peut pas souffler et dire : “ouf, c’est derrière moi maintenant, c’était dur mais c’est dans le passé.”
Oui, oui, bien sûr que l’on peut mettre des choses en place dans notre vie : réduire son empreinte carbone, adopter un mode de vie zéro déchet, devenir végétarien ou vegan. Mais on peut s'essouffler et remarquer que nos efforts sont vains quand on les compare à l’énormité des enjeux globaux. Et là vient le découragement.
Puis parfois on souffre tellement pour cette planète que les mécanismes de défenses viennent nous épauler :
le déni: “non, tout va s’arranger au final, il y aura une prise de conscience collective bientôt”,
l’indifférence généralisée: “on s’en fout, je préfère manger mon burger McProut”
le nihilisme “à quoi bon, on va tous mourir de toute façon”.
LES MICRO-DENIS que l’on peut avoir. On est truffé de petits marchandages quotidiens : “je sais que c’est mal, mais je vais quand même acheter cette paire de pompes en cuir parce que j’en ai trop envie.” On grandi dans une société du OUI. Dire non, c’est difficile. On le sait bien car on est souvent obligé d’intégrer l’apprentissage à l’affirmation de soi dans nos thérapies. L’Occident c’est aussi cela : tout se permettre, ne jamais se priver, la gratification instantanée, oui on peut tout avoir (il suffit de le vouloir).... bref, vous connaissez le refrain.
Et il y a tellement de questions qui tournent dans notre tête. Que faire de ce sentiment d’impuissance ? On préfère savoir ou ne pas savoir ? Choisir ou subir ? Savoir pour anticiper et préparer ? Ou vivre encore dans l’insouciance au risque d’être pris au dépourvu le moment venu ? Aussi, et peut-être surtout, que faire de la culpabilité incessante ? Celle qui peut devenir l’émotion princeps dans votre paysage émotionnel ‘juste’ parce que vous avez mangé un bout de fromage. Et comment départager la farce et le dindon, sans mauvais jeux de mots : les politiques nous mettent la pression pour changer nos petits gestes au quotidien, alors que c’est nous qui devons leur mettre la pression pour changer les choses, ces politiques qui sont en collusion avec les grandes industries.
COMMENT TRANSFORMER L'IMPUISSANCE EN PUISSANCE ?
Il y a tellement d’incertitudes, comment se projeter dans l’avenir ? Comment vivre (et accepter de vivre) dans un monde qui va beaucoup se dégrader, qui va s’appauvrir, et en termes de richesse matérielle, et en termes de faune, de flore, et de paysage naturel ? Comment accepter un tel état des choses alors qu’en même temps, on sait très bien que l’humain trouvera un moyen de s’adapter à la nouvelle donne ? Mais c’est précisément contre cela qu’il faudrait lutter. Car nous ne voulons pas de ces paysages post-apocalyptiques que l’on nous donne à voir dans les films de science fiction. Et pourtant, on sent que l’on est bien parti pour …
CETTE COLERE QUE L'ON RESSENT.
Que faire avec cette colère ? On aimerait agir mais sans savoir trop comment faire. Ensuite nos pensées vont vers les autres. Pourquoi les autres ne font-ils pas plus ? Pourquoi n’y a-t-il pas d’éco-terrorisme ? De groupes qui détruisent les miradors de chasse ? Pourquoi ne pouvons-nous pas juste manifester dans la rue ? Tous ! Comme ça les politiques n’auront pas le choix de nous écouter. Le problème avec notre colère c’est que l’on est complice du système, on est parti prenante, même sans le savoir Qui pouvait croire il y a encore quelques années, par exemple, que les énergies vertes pouvaient causer autant de dégâts ? Donc ce n’est pas juste une colère contre le système, c’est aussi une colère envers nous-même que l’on éprouve. Trouvez un endroit pour lâcher votre colère. La colère est physique, alors il est possible de la ‘déposer’ en dehors de soi. La colère se base sur l’injustice, ou le sentiment d’injustice. Essayez d’être bienveillant envers vous-même. C’est normal de ressentir cette colère. C’est normal de ressentir aussi de l’incompréhension de la part de notre entourage et du coup, de la solitude. En soirée, on peut être amené à parler de nos craintes, mais on a l’impression de passer pour le casseur de soirée ou pour une cassandre. Tout cela est aliénant. Alors, on peut essayer de soulager cette solitude en trouvant une communauté en ligne ou chez vous. Il y a les café collapse, par exemple, les groupes de paroles autour de la transition écologique (https://carboneetsens.fr/conversations-carbone/).
STARTEGIES:
Opérer des changements un peu chaque jour et à son échelle (pas celle des autres).
Se mettre à plusieurs pour avoir un impact rapide (par exemple, des regroupements locaux).
Ne pas bloquer les émotions. Petit rappel : les émotions sont des messagers et il est toujours bon d’écouter ce qu’elles ont à nous dire.
Observer comment on vit et comment on souhaiterait vivre notre vie. C’est toute la question de la cohérence entre notre vécu et nos valeurs. Sommes-nous alignés ? Et oui, cela concerne autant la vie pro que la vie perso. Etre végétarien et travailler pour une boîte d’agroalimentaire ? Ca ne peut pas durer longtemps, si vous voulez connaître la sérénité qui vient avec l’alignement.
Arrêter l’infobésité. Se renseigner c’est bien, mais regarder sans cesse les vidéos des orang-utans qui perdent leur maison à cause des bulldozer envoyés pour raser les forêts indonésiennes, pour l’industrie de l’huile de palme, est-ce une bonne idée ? Et si vous ne signez pas toutes les pétitions qui passent sur les réseaux, est-ce si catastrophique ?
Accepter sa colère. C’est bien la colère, alors pourquoi pas ? Mais sombrer dans une colère permanente, ça c’est autre chose.
Arrêter de vous voir comme la société veut vous voir. On nous appelle des ‘consommateurs’, alors réappropriez-vous le terme réel : humain. On n’est pas sur cette terre pour consommer. C’est ce que les industriels veulent nous faire croire, afin de s’enrichir. Mais eux savent qu’ils ne sont pas sur terre pour consommer. Alors, changeons de regard sur nous-même. Loin d'être sur terre pour ‘consommer’, on est là pour vivre des expériences et des émotions, on est là pour tisser du lien avec les autres, pour exprimer notre créativité, pour partager des bonheurs simples et connaître des joies immenses en étant dans la nature, avec les animaux, sous un soleil réconfortant. Comme l’humain le fait depuis la nuit des temps. Alors pourquoi ces besoins vitaux auraient tant changer en l’espace de quelques générations ?
Si vous êtes prêts à passer à l’action pour changer votre vie : il y a plein de sites qui proposent aujourd’hui de calculer son empreinte écologique. Et aussi plein de sites qui proposent des solutions concrètes pour changer sa vie (comme les sites autour du mouvement zéro déchet).
Si vous avez des enfants : accompagner les jeunes sans les paniquer ou les culpabiliser. Parfois la culpabilisation a l’effet inverse car cela crée une pression interne énorme qui devra trouver une soupape. Celles-ci ne sont pas toujours adaptées (par exemple, trouver refuge dans les substances addictives).
Ne transmettez pas une information sous le choc de sa découverte, en réaction à vos émotions, prenez le temps de la digérer. C’est précisément cela qui peut être choquant pour les jeunes (de voir leur parent apeuré et enragé), bien plus que l’information à l’origine de ces émotions.
Si vous exprimez vos changements de vie à votre entourage (par exemple, en leur parlant de votre végétarisme), faites attention à ne pas les braquer. Il est toujours mieux de renforcer une action qui va dans le sens souhaité plutôt que de pointer les défaillances. Par exemple, si on vous annonce qu’on a supprimé la consommation de viande chaque lundi soir, félicitez et encouragez cette action, même si dans votre tête vous pouvez (et avez le droit) de vous dire que ce n’est pas assez. Mais l’idée est de toujours avoir une communication positive, bienveillante, et donc pas dans le jugement.
Résistez aux injonctions de consommer. Ces injonctions existent partout et on peut aussi avoir de bonnes raisons d’acheter tel ou tel truc. On a besoin de se vêtir, ça c’est un fait. Mais plutôt que d’acheter chez les marchands du Fast Fashion (ceux qui exploitent les travailleurs pauvres du Bangladesh, par exemple), on peut aussi opter pour le deuxième main. Il y a toujours des moyens de résister à la consommation (sans pour autant se culpabiliser si on n’y arrive pas tout de suite, ces réflexes-là prennent du temps à se mettre en place dans notre quotidien).
Apprendre à différer notre plaisir. Et oui, c’est toujours le bon moment pour tester notre tolérance à la frustration, notre tendance à vouloir tout, tout de suite, maintenant. Les marchands le savent bien : pour vous vendre LE truc dont vous avez ABSOLUMENT besoin (ah bon ?), il faut que vous le fassiez NOW. Vous avez vu en magasin un produit qui vous ravira ? Ne l’achetez pas tout de suite. Allez faire un tour. Si dans une ou deux heures, vous le voulez toujours, alors allez l’acheter. Mais pensez à insérer un STOP entre le stimulus (l’information que vous recevez de l’environnement) et la réponse (la vôtre).
S’intéresser à l’écopsychologie et l'éco-thérapie, un courant de la psychologie qui se centre sur le lien rompu avec la nature. Dans notre notre société, on parle de nature. On oppose nature et culture, corps et esprit. Et à force, on a l’impression que la nature est en dehors de nous, alors que nous en faisons partie et elle fait partie de nous. Quelle erreur. On est clivé. On est dans une société qui oppose tout.
Et au fond, c’est aussi la question de qui on veut être. Alors n’ayez pas peur de faire de l’introspection.